09/10/2018 Livraison du bois d’ossature

 

Après un week-end à l’autre bout de la France, en Alsace, pour vivre une fois de plus cet évènement exceptionnel qu’est le Festival Folk au Morimont, nous voici de retour en Bretagne après avoir fait une escale à Paris lundi.

Mardi 9 octobre, nous voici déjà depuis quelques jours en automne. Le matin est frais mais le ciel est dégagé.
Je fais un crochet vélobus à l’école sur le trajet vers le chantier. Pratique, cette carriole accrochée derrière le vélo…

La livraison du bois est attendue en fin de matinée.
La première mission est de préparer les zones d’atterrissage des colis

Déjà affairé à déplacer des palettes que j’avais posées jeudi sur la dalle, Hervé m’accueille avec son bonnet, son gros manteau et ses gants.
Nous discutons des emplacements des palettes: les colis feront entre 4 et 6 mètres de long et sont composés de pièces de différentes sections selon l’emploi auquel elles sont destinées.
Par exemple, du 38x300mm en 4,5m de long pour les chevrons/arbalétriers des fermettes, du 45x145mm en 4, 5 et 6 mètres de long pour les montants et traverses de l’ossature, etc.
En tout, dix catégories différentes sont attendues.
Avec les tas de terre, la tonnelle (sous laquelle j’équarris le colombage), le passage de véhicule, la dalle, les arbres et autres contraintes liées au chantier, il ne reste pas beaucoup de place pour entreposer tout le bois.

L’enjeu est donc de placer les pièces à l’endroit qui permettra de limiter au plus les manipulations de bois (une solive en 80x250mm de 6m de long pèse environ 60kg et il y en a 24…).
Le bois des fermettes, qui sera mis en oeuvre vers la fin du chantier ossature, sera donc idéalement placé en hauteur, tandis que le bois de l’ossature (montants et traverses) sera plus utile en bas.
L’une des particularités du lieu étant la pente naturelle du terrain, la servitude de passage au nord-est se trouve quasiment à l’altitude du futur plancher intermédiaire.

Nous plaçons donc quelques palettes de ce côté, en empiétant sur la parcelle de nos voisins qui nous ont très aimablement autorisé l’accès temporaire pendant la durée du chantier, y compris pour entreposer un peu de matériel.

Les zones d’atterrissage des colis: trois palettes pour chaque colis, alignées et dans un plan.

Nous employons des pavés et des cales en bois de diverses épaisseurs pour parvenir à ce résultat.
La brouette est réquisitionnée pour contenir et déplacer toutes les cales disponibles pour cette opération. Très pratique !
Quelques coups de masse dans les coins permettent de stabiliser les cales.
Aux endroits ou les palettes s’enfoncent d’avantage sous les coups de masse, le calage est corrigé.
Un passage à la règle de 4m de chaque côté et en diagonale nous permet de contrôler le résultat.
Avec la pente, ces zones ne sont pas horizontales mais l’essentiel est que la zone soit bien plane et qu’elle ne « vrille » pas.

Sur les coups de dix heures, ou un peu après, nous avons terminé de caler 3 zones et nous faisons un point sur les fiches de fabrication préparées par Hervé. La quatrième zone sera ajoutée au moment de la livraison, nous offrant ainsi une marge de manœuvre en fonction de la configuration du camion.
Tout en buvant un thé chaud et en cassant la croûte, nous passons en revue les solutions retenues et les impacts des choix techniques (une fenêtre un peu décalée, la verrière de toit un peu modifiée, la hauteur des fenêtres au nord adaptée,…)
Nous ne voyons toujours pas le camion arriver et j’appelle une première fois les fournisseurs.
En attendant, après une rapide vérification de l’affûtage des haches, je me remets à équarrir et Hervé décharge une partie de son matériel.

A midi moins le quart, ne voyant toujours pas arriver le camion, je passe à nouveau un coup de fil. Mon interlocutrice m’indique qu’elle va se renseigner et me rappeler ensuite.
Malheureusement, je n’entends pas le téléphone et je ne m’aperçois de l’appel manqué que quelques minutes après midi. Je rappelle et obtient une réponse incertaine d’une autre personne: le chauffeur a pris du retard et sa pause déjeuner (et hop, un zeugme 🙂 ).
Nous décidons d’en faire de même et, tandis qu’Hervé sort son en-cas, je pars chercher le mien à vélo.
Le déjeuner se fait à l’ombre du cerisier, assis au bord de la dalle, sur le mur de soubassement.
Discussion très intéressante, comme toutes les discussions avec Hervé, sur les rouge-gorge, la notion de respect, la politique,…
Puis vient l’heure du rituel post-déjeuner d’Hervé. Pendant ce temps, je me remets à équarrir.
Je ne donne que peu de coups de hache avant de vois arriver le camion. Nous ne sommes pas loin de 14h. Je ne pensais pas qu’il y avait d’autres personnes que nous à avoir une définition aussi large de la fin de matinée 🙂

Les salutations passées, nous guidons le chauffeur pour une reconnaissance à pied des lieux. Il décide de remonter la rue en marche arrière pour s’engager dans la servitude de passage.

Le chauffeur-grutier, très aimable, semble un peu pessimiste. Il me demande si je connais un agriculteur pour le dégager lorsqu’il sera bloqué avec son camion…
En fin de compte, la situation ne s’est pas présentée.
Il a déchargé un premier paquet, celui du bois des fermettes, tout au nord. C’est le tas qui restera le plus longtemps à sa place.
Ensuite, il a fallu ruser car le paquet était posé complètement à l’arrière de la remorque, à l’opposé de la grue.
Avec le poids, la grue se mettait en défaut: trop lourd, trop loin… C’est là que l’on se rend compte que ce ne sont pas les mêmes personnes qui chargent (au chariot élévateur, certainement) et qui déchargent le camion…
Alors le grutier fait « glisser » le colis vers l’avant en le tirant avec son palonier avant de le prendre en dessous et de le poser sur la 2ème zone.
Nous sommes en t-shirt maintenant et le short aurait été tout à fait adéquat.
Pour le 3ème tas, la chronologie du chantier nous fait choisir de garder le bois empilé comme sur le camion.
Mais la pile est trop lourde pour être prise d’un coup alors la moitié du dessus est mise temporairement sur 2 palettes placées en vitesse. Ensuite, le dessous est placé sur la 3ème zone, installée rapidement également à cet effet.
Le reste se passe comme si un joueur de cartes coupait le jeu et la partie laissée de côté vient rejoindre le dessus de la pile.
Pendant ce temps, je contrôle avec mon mètre les sections, longueurs et quantités du bois livré. Tout est OK. Il y a un peu plus sur les chevrons. Ce sera mentionné au moment de la signature du bon de livraison.
Enfin, le camion est déplacé pour aller en bas du terrain, sur le trottoir. Je fais l’agent de circulation pendant que le grutier manoeuvre les paquets sous les câbles de téléphone et en frôlant le poteau. De son côté, Hervé s’assure que les paquets sont déposés au bon endroit.
Pour visualiser la scène, il faut s’imaginer cette grosse bestiole de plusieurs tonnes, d’environ 10m de long, avec des stabilisateurs sortant de chaque côté (jusqu’au milieu de la route alors qu’il est stationné sur le trottoir…) en train de déployer et d’étendre sa grue sur le côté. Sacré engin !
Une fois la livraison terminée, nous proposons un thé, à défaut de café, sans succès puis je signe le bon de livraison.
Ensuite, Hervé et moi nous attelons à la protection du bois contre les intempéries.
Nous commençons par préparer la pile, afin de ne pas avoir de creux qui pourrait retenir l’eau.
Quelques pièces jugées moins belles, sont mises de côté pour servir de « poids » après bâchage.
Les pièces du haut sont ensuite placées en « pyramide » pour assurer une pente vers le côté qui chassera l’eau.
Je connaissais déjà le mot « chantier », désignant les pièces de bois qui servent de support, typiquement placées au sol, à intervalle régulier pour y déposer d’autres pièces de bois que l’on souhaite préserver des salissures et de l’humidité du sol.
J’apprends aujourd’hui le mot « rablette », désignant les morceaux de bois intercalaires, placés à l’horizontale entre chaque rangée de bois, perpendiculairement aux pièces à supporter. Comme un mini-chantier, en quelque sorte.
En dépilant le bois, on récupère quelques « rablettes ». Celles qui dépassent ensuite sont repousées, mises en biais, voire coupées, pour éviter qu’elles ne déchirent la bâche qui sera placée ensuite sur la pile.
Une bâche d’ensilage, quelques pointes clouées dans des « rablettes » ou les voliges, idéalement enroulées dans la bâche quand la longueur le permet et voici une bonne protection.
Quelques palettes simplement appuyées sur les côtés viennent renforcer le maintient de la bâche.

Lorsque nous avons effectué tout cela, il reste encore à ranger le chantier (pas le morceau de bois…), à décharger les derniers outils d’Hervé pour les mettre à l’abri dans l’atelier et il est l’heure d’aller chercher les enfants.
Une journée importante s’achève: celle qui marque le début de la phase ossature et charpente.
Elle s’est plutôt bien passée avec, c’est à noter, une météo allant de l’automne à l’été en quelques heures.